Dijon en 1951 : Beaucoup de BNW n'étaient pas nés mais il faisait chaud à Noël... ....

Rédigé par Serge - -

« Devant les enfants des patronages, le Père Noël a été brûlé sur le parvis de la cathédrale de Dijon ».

C'est par ce titre extraordinaire que France-Soir rend compte des événements survenus le 23 décembre 1951, à Dijon. Ce jour-là en effet, l'effigie du Père Noël est brûlée devant le parvis de la cathédrale Saint Bégnine.

En ce début des années 1950, alors que l’icône américaine, avec sa robe aux couleurs d’une célèbre marque de boisson gazeuse, s’impose en France en même temps que le chewing-gum et le plan Marshall, l'Eglise tente de résister à ce qu’elle considère comme un folklore d’inspiration païenne.

Quelques jours plus tôt, le Père Noël a été condamné par le clergé de Dijon. Cet « usurpateur» doit être exécuté en place publique. Après l’exécution, un communiqué est publié par l'Eglise de Dijon : «… Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. A la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l'enfant et n'est en aucune façon une méthode d'éducation. »

Cet épisode surprenant partage alors la ville en deux camps. L'affaire fait grand bruit et prend une dimension nationale. L'hebdomadaire « Carrefour » lance le débat : « Accusé Père Noël, levez-vous ! », avec, dans le rôle du procureur, l'écrivain catholique Gilbert Cesbron, et dans celui de l'avocat, l’écrivain René Barjavel. Une querelle incroyable oppose François Mauriac et Jean Cocteau sur le sujet. L’anthropologue Claude Lévi-Strauss, prend même la plume dans « Les Temps Modernes  pour défendre le gros barbu. Dans une analyse méthodique, il essaie de comprendre quelles sont les raisons qui ont poussé les adultes à « inventer » le Père Noël.

Le 24 décembre 1951, pour apaiser les esprits, la municipalité se charge de ressusciter le Père Noël en le faisant apparaître sur les toits de l'Hôtel de Ville.

Et c’est ainsi que, depuis cette époque, tous les ans, un sapeur-pompier déguisé en Père Noël descend la tour Philippe le Bon, en rappel et sans être brulé par les badauds. 

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