Étirements après la marche nordique : Pour ou contre ?

Rédigé par Serge - -

Des cowboys s'tirent avant un rodo

Eternel débat entre sportifs : les étirements, c’est bien ou mal ?

 

Des cowboys s’étirent avant un rodéo - emilio labrador/Flickr/CC A l’école, on en faisait après l’effort. Parce que, nous disait-on, c’était bien. Pour ma part, j’ai eu beau discuter avec des sportifs qui disent que ça ne sert...

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Des cowboys s’étirent avant un rodéo - emilio labrador/Flickr/CC

A l’école, on en faisait après l’effort. Parce que, nous disait-on, c’était bien. Pour ma part, j’ai eu beau discuter avec des sportifs qui disent que ça ne sert strictement à rien, aujourd’hui encore, après avoir couru, je m’étire, persuadée que la peine du lendemain en sera moins pénible. Ai-je raison ? Rien n’est moins sûr.

Avant d’entrer dans le vif de cette querelle terrible, on peut s’étonner de l’histoire des étirements. Gérald Gremion est médecin chef du Centre médical olympique suisse (SOMC). Il a a effectué une revue de la littérature médicale sur le sujet en 2005 : « Les exercices d’étirement dans la pratique sportive ont-ils encore leur raison d’être ? ». Au téléphone, il raconte :

« Les étirements ont été crées pour la médecine, par un médecin tchèque qui s’appelait Vladimir Janda. Il y a ensuite eu la méthode Bobath. Mais, le but premier des étirements, c’était de traiter les maladies neurologiques. »

Pour

Il y a pourtant beaucoup de gens pour défendre les étirements. Et pas forcément les moins informés.

  • Les étirements permettraient une meilleure récupération

En septembre dernier, pour réaliser l’article sur « les neuf erreurs les plus courantes chez les coureurs amateurs », j’avais interviewé le docteur Thierry Aimard. Chirurgien orthopédique, spécialisé en pathologies du sport, il m’avait dit :

« S’étirer après l’effort permet de diminuer le risque de courbatures. »

Même chez les sportifs de haut niveau, on entend parler des bienfaits des étirements. Après son échec à Londres, Christophe Lemaître racontait à l’Equipe ses bonnes résolutions. Parmi elles :

« Une récupération mieux pensée, avec plus de séances de kiné, une thalasso par semaine, plus d’étirements. »
  • Les étirements permettent de se détendre et de s’assouplir

Des propos qu’on retrouve très facilement ailleurs, relayés notamment dans des articles destinés aux sportifs du dimanche. Comme dans cet article de Vivolta.com :

« Les étirements permettent aussi d’assouplir les articulations en limitant ainsi le risque de tendinites, élongations ou claquages. En diminuant la raideur des muscles, certains exercices permettent d’amplifier les mouvements et de progresser plus facilement sur le parcours défini. »

Alors que je préparais cet article, j’en ai parlé à un proche, Julien, qui fait de l’escalade. Il m’a dit :

« Quand tu t’étires après, c’est le moment où tu es chaud, tu travailles ta souplesse et quand tu grimpes, c’est un gros plus de gagner en souplesse. »

Gérald Gremion confirme que les étirements permettent de « gagner en souplesse, en amplitude. »

Mais c’est à peu près le seul intérêt qu’il reconnaît à ces mouvements.

Contre

Les grandes études sur le sujet, relate Gérald Gremion, invalident la pratique.

  • Les étirements ne permettent pas de mieux récupérer

Il compare l’étirement au fait de « faire une éponge pleine d’eau. »

« Le muscle est plein de sang et on fait fuir ce sang, alors que le muscle a besoin de cet apport pour récupérer plus vite. »

Il ajoute que les étirements rendent la musculature beaucoup plus fragile, avec un risque « d’augmenter les microdéchirures ».

  • S’étirer avant ? Ça pollue la performance

Et s’étirer avant ? Qu’en penser ? Thierry Aimard me disait en septembre :

« Avant de faire du sport, il faut toujours se chauffer le corps, ne pas l’étirer mais le chauffer. On peut sautiller, faire de petits mouvements répétitifs. »

Dans sa revue de littérature, Gérald Gremion écrit :

« Diverses études récentes ont montré un effet négatif du stretching effectué avant un exercice sur la performance sportive. Ces effets négatifs influencent la performance dans les épreuves de vitesse (économie de course), de force et en particulier dans les sauts. »
  • Les étirements perturbent notre cerveau

Pour Gérald Gremion, la religion des étirements vient sûrement d’un leurre.

« Quand vous faites un étirement après un effort, il y a tout un tas d’effets au niveau du cerveau qui font qu’on se sent mieux. Mais ce n’est pas parce qu’on se sent mieux, que c’est bon pour le muscle. »

A l’aide de mécano-récepteurs, le cerveau « contrôle tout ce qui se passe au niveau moteur ». Par exemple, si l’on court sur du sable, « le cerveau va s’adapter à cet effort particulier ». Or, poursuit le médecin :

« Avec les étirements, vous perturbez ce système et vous diminuez votre capacité de coordination. »

Pour ne pas avoir trop mal le lendemain d’un effort, il vaut donc mieux suivre simplement les dix conseils qu’on vous donnait dans cet article.

Est-ce à dire que, malgré ces arguments scientifiques, ceux qui plébicitent les étirements cesseront d’en faire ? Pas sûr. Quand j’ai expliqué à Julien ce que j’avais appris sur les étirements, il m’a répondu, têtu :

« Même si, maintenant, je sais que c’est pas très bon, je vais continuer à m’étirer. Parce que c’est psychologique, j’ai l’impression que ça m’aide à récupérer. »

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