Pèlerinage à Notre Dame d'Etang (4/04/2016)

Rédigé par Serge - -

Philippe le Hardi, Jacques Bénigne Bossuet, le Prince de Condé, et même le Roi Soleil  ont effectué des pèlerinages à Notre Dame d’Etang, bien avant nous.

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Mais, aujourd’hui, ce sera « du lourd » avec une longue marche nordique au départ de Corcelle les Monts et un dénivelé à couper le souffle. 

Sur le fronton de l’observatoire de Corcelle, l’inscription de Paul Valéry, « Le temps scintille et le songe est savoir », reste toujours aussi mystérieuse pour les incultes marcheurs BNW que nous sommes. Ce matin, le soleil ne scintille guère à travers l’épais brouillard qui s’est installé et les songes sont plutôt du style « tiendrais-je le coup ? ».

« Brouillard sur les monts, reste à la maison !» disent les habitants de Corcelle les Monts. Mais cet adage, réservé aux indigènes Corcellois, n'est en aucun cas destiné à des marcheurs de BNW, déterminés qu'ils sont à rendre hommage à la Madone, en bons missionnaires.

Pour ce pèlerinage sans précédent, Frère Jean Emmanuel a concocté un beau parcours, alternant chemins blancs, sentiers rocailleux, traversées de champs, belles grimpettes bien raides, suivies de passages tout aussi raides dans des descentes vertigineuses.

La montée des marches au Rucher est une mise en bouche sans problème, vite avalée par nos marcheurs BNW.  

Les difficultés arrivent crescendo avec une belle descente que je préfère pour ma part négocier prudemment sur le postérieur. Un randonneur harnaché d’un sac à dos d’au moins 25 kilos nous rejoint et s’enquiert de nous montrer comment descendre. Aucun marcheur BNW ne suivant ses conseils, le baroudeur, déçu, continue son chemin…Nous le rattraperons et le dépasserons très vite en échangeant des encouragements. Mais pas moyen de savoir ce qu’il transporte dans son sac, le bougre !

Nous quittons bientôt un beau chemin en fonds de combe pour prendre un bout du Jean Sage, ce parcours dit des « Croix blanches » reliant Velars sur Ouche à Pont de Pany (1800 m de dénivelé).

Tiens, cette côte-là, ça me dit quelque chose… Nom d’un chien, c’est « la Ouf ! » Paulo, Christiane et moi l’avons découverte l’an passé et il est impossible de ne pas s’en souvenir, vu sa difficulté. Adieu « Morne plaine, comme une onde qui bout dans une urne trop pleine », comme disait  Victor Hugo…Bienvenue  « Côte inhumaine, comme une bête qui vous ronge les burnes sans peine » comme on dit chez les BNW.  Mes bâtons ne suffisent plus pour avancer et me tenir debout. Par moment je me dis que monter à genoux en autoflagellation serait  plus agréable. Je m’accroche à tout ce qui traine : un arbre, une branche, une racine, un rocher… « L’enfer, c’est les autres » disait Jean Paul Sartre. Non, l’enfer, c’est « la Ouf ! ».  Mais je me rappelle tout à coup cette phrase de Bossuet : « Notre pire ennemi, c’est nous-mêmes !». Il n’a pas dû emprunter « la Ouf » pour son pèlerinage, Jacques Bénigne, foi de BNW !

Après d’autres péripéties - y compris un peu de hors-piste pour retrouver un GR un peu caché - et d’autres petites côtes bien cassantes, voici enfin le groupe BNW au pied de l'immense statue. Prévoyant, frère Jean Emmanuel sort quelques sucreries pour redonner quelques forces aux missionnaires. Notre Dame d’Etang est toujours en rénovation mais la statue a retrouvé une belle dorure toute neuve. Sœur Christiane, qui prétend avoir de nombreux péchés à se faire pardonner, se met à prier tout bas pendant que j’essaie de récupérer un peu.

Lors du couronnement de la statue, il y avait vingt-cinq mille personnes parait-il, à peine un peu plus que les marcheurs BNW aujourd’hui…

Elle aurait fait des miracles parait-il, la Madonne : guérison de la goutte, de la peste, de la folie, de cécité, enfant mort-né ressuscité, préservation de la ville assaillie par des brigands….Intercédera-t-elle en ma faveur, ce matin ? Car «  j’suis allé que j'peux plus ! » comme on dit chez moi en Charente, même si le  Kit et Kat de Frère Jean Emmanuel m’a fait du bien. En fait, les descentes ont un peu cassé mes jumeaux internes, ratatiné mes gastrocnémiens, et durci mes pauvres quadriceps.

Il reste encore 12 km à faire pour les BNW et il faut y aller… « On n'est quand même pas venus pour beurrer les sandwichs… » comme disait Bernard Blier dans « Les Tontons Flingueurs ». Il y a de la route encore et des montées et des descentes ! Je nettoie un peu mes chaussures à la fontaine Saint Anne située en contrebas. Ce sera toujours quelques grammes de terre en moins à soulever.

Dans les descentes, j'assiste à quelques belles chutes de mes coreligionnaires BNW, heureusement sans gravité.  Descendant souvent sur le derrière, au moins suis-je sûr de tomber de moins haut !  

Au bout de 4h30 de marche nordique, voici les BNW de retour au pied de l’Observatoire. J’ai repris du poil de la bête.  Résultat : 20,6 km et près de 1000 m de dénivelé.  « Faut r'connaître… c'est du brutal ! » comme ils disaient dans « Les Tontons Flingueurs ».   

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